Le mécénat d’entreprise en pratique

RSE Magazine
04/12/2012


Partie intégrante de la démarche de RSE, le mécénat est une initiative dont le développement ne connaît pas -ou presque- la crise. Les entreprises sont en effet de plus en plus nombreuses à s’engager dans ce type de démarche, en raison notamment de leur valorisation croissante par les médias et les pouvoirs publics. Quels avantages en retirent-elles ? Quelles formes prennent leurs engagements ? Comment les concrétisent-elles ?



Le mécénat d’entreprise connaît un essor modestement entravé par la crise économique. Comme l’expliquait le directeur du salon d’art contemporain Business Art Georges Lévy dans les colonnes  des Échos du 18 septembre 2012, « en 2010, 35 000 entreprises auraient opté pour le mécénat. En 2012, elles sont au nombre de 40 000 ». La croissance des entreprises-mécènes témoigne d’un intérêt réel pour cette déclinaison de la RSE. C'est d’autant plus le cas que le budget total du mécénat « reste stable à 1,9 milliard d’euros » selon Georges Lévy ; une donnée qui traduit la volonté des mécènes les plus anciens de maintenir leur effort de contribution malgré des contraintes financières accrues.
 
Une démarche valorisante qui repose sur des contributions et un engagement réel
 
Les retombées positives les plus évidentes du mécénat pour les entreprises s'évaluent en termes d'image, certes. Le mécénat constitue en effet l’occasion pour l’entreprise d’associer son nom à l'effort culturel, social, environnemental ou encore humanitaire poursuivi par une association ou une institution. Mais il constitue aussi et surtout, pour la plupart d'entre elles, un moyen de rendre les salariés fiers de leur entreprise, de conférer à celle-ci une image positive et de cimenter la cohésion d'une équipe autour d'une cause partagée et désintéressée.
 
Les avantages du mécénat sont donc significatifs pour l’entreprise. Mais son bénéfice premier va d’abord à ses partenaires. Car le but initial du mécénat est de permettre l’amélioration, la continuité ou parfois même la survie de l’activité faisant l’objet d’un soutien. Certaines initiatives dépendent en effet directement du mécénat privé ; elles en retirent donc des ressources très variées. Le mécénat d’entreprise revêt ainsi différentes formes. Celui-ci peut être financier et se présente alors sous sa plus simple expression : l’entreprise fournit des ressources sous forme de liquidités. L’entreprise peut aussi proposer une aide matérielle ; l’aide en nature constitue alors un soutien opérationnel spécifique à l’activité faisant l’objet du mécénat. Plus spécifique encore, le mécénat technologique et de compétences consiste à mettre à disposition certains savoirs de l’entreprise ainsi que sa force de travail.
 
La capacité à composer sa démarche autour de gestes utiles constitue le véritable principe d’un mécénat réussi. Le mécénat ne peut ainsi se résumer à une simple manœuvre de communication devant lui permettre de passer un coup de lustre sur son blason. Un partenariat réciproquement profitable repose ainsi sur la capacité du mécène à identifier les besoins de son partenaire, à les comprendre et à les pourvoir intelligemment dans la limite de ses propres moyens.
 
Des formes variées de partenariats
 
Conçu pour durer, le mécénat peut justifier la mise en place de structures et dispositifs dédiés par les entreprises. Si les plus petites d’entre elles choisissent de verser des contributions directes, nombreux sont les mécènes qui préfèrent créer leur propre structure intermédiaire pour permettre une meilleure gestion de leur politique de mécénat.
La création d’une association ou d’une fondation est parfois retenue comme modalité d’organisation de la politique de mécénat. L’association ou la fondation est ainsi financée par l’entreprise mécène qui l’investit de ses objectifs en matière de soutien aux activités de la société civile. En plus d’être assez simple à réaliser, la création d’une association ou d’une fondation d’entreprise permet également d’optimiser l’exécution des démarches de mécénat, en permettant aux employés les plus motivés de s’y impliquer et en y allouant un budget annuel que la structure intermédiaire devra utiliser au mieux.
 
Les opérations de grande envergure bénéficiant d’une certaine longévité peuvent également se faire reconnaître d’utilité publique. Pour ce faire, une fondation doit par exemple déposer un dossier au Conseil d’État et faire la preuve de sa permanence, de sa stabilité financière et de son utilité sociale. La reconnaissance d’utilité publique conditionne notamment la capacité d’une fondation à organiser des collectes populaires où à recevoir des dons, mais son obtention requiert toutefois la satisfaction de critères – notamment financiers – exigeants. À défaut de les réunir, un petit mécène pourra, avec le concours d’autres entreprises, donner de l’envergure à son action en constituant un club d’entreprise. En mutualisant ainsi leurs ressources et leurs moyens matériels et humains, un groupe de mécènes pourra poursuivre collectivement un projet de grande envergure et développer facilement sa démarche de RSE.
 
Les entreprises de toutes les tailles et de tous les secteurs peuvent s’engager dans le mécénat ; de telles actions ne sont pas l’apanage des grands groupes. D’ailleurs, 32 % des PME françaises de 20 à 99 salariés pratiquent le mécénat d’entreprise contre seulement 27 % des entreprises de plus de 200 salariés d’après l’Association pour la promotion du mécénat d’entreprise. Qu’elles s’associent, gèrent leur propre organisation à cet effet, où participent directement, les entreprises sont donc aujourd’hui d’incontestables contributeurs aux initiatives lancées par la société civile.

T.F.
 
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